CONVOCATION 31 MAI 2015: Nous soutenons le Tribunal des Femmes de Sarajevo


Nous soutenons le Tribunal des Femmes de Sarajevo

Du 7 au 10 mai à Sarajevo, en Bosnie, a eu lieu le Tribunal des Femmes pour juger les crimes commis pendant les guerres des Balkans des années 1990. Beaucoup de femmes venant de tous les pays de l’ancienne Yougoslavie ont témoigné sur les crimes de guerre, encore toujours impunis, pour lesquels elles ont demandé justice avec une approche féministe.

La composition du comité organisateur montre l’unité et la solidarité des femmes qui surmontent les divisions nationales apparues après la partition de l’ancienne Yougoslavie : de Bosnie –Herzégovine, les « Mères des endroits de Srebrenica et Zepa » ; et les « Forum de Femmes » de Croatie, du Kosovo, de Macédoine, du Monténégro, de Slovénie et de Serbie.

Cela est en soi un grand succès dans une période où l’Europe est pleine de nationalismes montants et de forces d’extrême droite qui divisent les populations selon des caractéristiques ethniques et religieuses, de nos jours ; alors qu’ils essaient d’homogénéiser les nations et d’exclure les minorités et la diversité ; alors que même des citoyens d’un même pays sont davantage séparés à cause de la construction de « communautés » antagoniques.

La coordination et la préparation du Tribunal ont été réalisées ces cinq dernières années par les Femmes en Noir –Belgrade, une organisation d’un des pays « agresseurs ». Ces femmes sont la bienvenue comme membres de la famille en Bosnie et dans d’autres pays de l’ancienne Yougoslavie, où les gens reconnaissent leur soutien permanent à des femmes avec d’autres identités, pendant et après les guerres, même au risque de leur vie.

Le rassemblement de tant de femmes des nations de l’ancienne Yougoslavie n’est pas seulement une preuve puissante de solidarité par delà les frontières mais aussi une affirmation politique, car elles défient les forces destructrices d’extrême-droite qui fonctionnent dans la région et dans l’Europe entière.

Le Tribunal des Femmes de l’ancienne Yougoslavie est différent de tous les autres Tribunaux de Femmes : il vise à rendre la maîtrise du processus aux victimes et aux survivantes. Auparavant, des centaines de rencontres ont été célébrées dans de petits et de grands villages, et des villes avec des groupes de femmes victimes pour qu’elles soient les protagonistes et les créatrices d’un processus extrêmement respectueux et renforçant fortement les victimes.

Au Tribunal des Femmes, elles ont témoigné de la violence commise contre elles pendant les années 1990, ainsi que des types de violence dont elles ont souffert après les guerres. A l’évidence, l’injustice et la violence ont continué et elles connectent la guerre avec la période d’après guerre.

Elles insistent particulièrement sur la violence de genre ; des crimes de guerre de viols, y compris dans un but nationaliste ; la violence des hommes commise contre les femmes ; la politique actuelle de répression de femmes militantes des droits humains, et la violence économique subie par les femmes comme une conséquence des guerres. Elles ont aussi témoigné de la violence militariste commise même contre les soldats.

Pendant le processus de préparation du Tribunal des Femmes, certains doutes et certaines contestations ont été soulevés principalement sur les questions de responsabilité et de responsabilisations : un nationalisme, avec un transfert permanent de responsabilité vers « d’autres » et une minimalisation des crimes de guerre commis « en notre nom », qui bloque le processus d’arriver à « une paix équitable ».

Le Tribunal a nommé les crimes et les auteurs, dénonçant les liens entre les différentes formes de violence dont les femmes souffrent encore toujours dans l’ancienne Yougoslavie comme une conséquence des guerres ; elles demandent justice et elles ont montré « le pouvoir de la solidarité internationaliste des femmes ». De plus, les participantes sont chargées de suivre les réponses des autorités impliquées.

Au Tribunal de Sarajevo, ont aussi participé des femmes de plusieurs pays où des crimes similaires ont eu lieu ; les Madres de la Plaza de Mayo (fondatrices) d’Argentine ; d’Israël, de Palestine et d’Algérie. Beaucoup de femmes membres d’organisations et de réseaux féministes d’Australie, du Canada, des Etats-Unis, d’Italie, de Belgique, du Royaume Uni, de France et d’Espagne ont aussi assisté au Tribunal.


Extraits de témoignages de certaines femmes :

« Je suis même plus déterminée aujourd’hui à rendre visibles toutes les injustices, à les nommer, ainsi que ceux qui les ont organisé »
Sabina (Pljevlja, Montenegro)

« C’est notre devoir moral de trouver la vérité… »
Marija (Osijek, Croacia)

« Mes droits humains ont été violés ; je n’ai pas pu trouver la paix avec une telle injustice »
Marionka (Veles, Macedonia)

« Ceux qui sont responsables de tout ce que j’ai subi et tout ce que je subis, sont encore au pouvoir. De la même manière qu’ils ont organisé les crimes, maintenant ils organisent leur déni! »
Sabina (Pljevlja, Montenegro)

« Je suis seule mais je lutte. J’espère qu’on aura la justice, un jour… »
Nura (Srebrenica, Bosnia Herzegovina)

« Le Tribunal des femmes ne rend pas de jugements, mais il peut contribuer à créer un climat anticriminel, qui un grand investissement pour l’avenir. Nous devons toutes influencer des gens de notre communauté, pour changer la conscience des gens. Nous devons nous répandre comme de la mauvaise herbe. »
Ana (Leskovac, Serbia)

« Notre voix est notre pouvoir »
Sevdije (Pristina, Kosovo)


Traduit de l'anglais par Edith Rubinstein, Bélgica


La demostration aux média espagnols :
Hora 14 Fin de Semana, cadena SER


Comentarios

Mujeres de Negro de Madrid

Mujeres de Negro de Madrid
En la Plaza Mayor, primera convocatoria